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Fiscalité des actions gratuites (AGA) : guide pour cadres dirigeants


DLCP - 16 octobre 2025 - 0 comments

Actions gratuites (AGA) : comprendre la fiscalité et optimiser votre stratégie en tant que cadre dirigeant de PME

Les actions gratuites (ou AGA) sont devenues un outil incontournable de fidélisation et de motivation des dirigeants au sein des entreprises, y compris dans les PME et sociétés de plus de 50 salariés.
Elles permettent d’associer les cadres clés à la création de valeur tout en leur offrant une perspective de gain différé, lié à la performance de l’entreprise. Mais derrière cet avantage financier se cache une fiscalité complexe, encadrée par le Code général des impôts (CGI), notamment ses articles 80 quaterdecies et 200 A.

Dans cet article, les experts DLCP vous proposent une lecture claire, structurée et stratégique de la fiscalité des actions gratuites, avec des exemples concrets et des conseils pratiques pour anticiper l’imposition et maximiser le rendement net de vos plans AGA. En savoir plus sur notre cabinet gestion de patrimoine et gestion de fortune ?

1. Qu’est-ce qu’un plan d’actions gratuites (AGA) ?

1.1 Définition et cadre juridique

Les actions gratuites sont régies par l’article L225-197-1 du Code de commerce.
Elles consistent en l’attribution, sans contrepartie financière, d’actions à certains salariés ou dirigeants, sous réserve du respect de conditions d’acquisition et, parfois, de performance.
L’attribution n’est donc pas immédiate : une période d’acquisition est prévue, au terme de laquelle le bénéficiaire devient définitivement propriétaire des actions, à condition de remplir les critères fixés par l’entreprise.

1.2 Objectifs pour les dirigeants de PME et ETI

Dans les PME et entreprises de taille intermédiaire, souvent non cotées, les plans d’actions gratuites ont une double vocation :

  • Fidéliser les cadres dirigeants clés dans un contexte de forte concurrence sur les talents.
  • Aligner les intérêts du management et des actionnaires sur la performance de long terme.
  • Récompenser la contribution à la croissance et à la valorisation de l’entreprise.

Pour un dirigeant de PME, recevoir des actions gratuites, c’est participer directement à la création de valeur de l’entreprise, tout en bénéficiant d’un levier de rémunération différée potentiellement très attractif.
Mais cette attractivité repose largement sur une bonne compréhension du régime fiscal applicable.

2. La fiscalité des actions gratuites : un mécanisme à double étage

2.1 Le gain d’acquisition : article 80 quaterdecies du CGI

Le gain d’acquisition correspond à la valeur des actions au jour de leur attribution définitive.
Autrement dit, c’est le montant que vous « recevez » à titre de revenu au moment où les actions deviennent vôtres.

Selon l’article 80 quaterdecies du CGI, ce gain est assimilé à un revenu d’emploi et donc imposable à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des traitements et salaires.
Cependant, il bénéficie d’un régime fiscal spécifique selon la date du plan et la taille de l’entreprise.

Depuis la loi Macron, une partie du gain peut être exonérée sous certaines conditions (notamment pour les PME répondant à des critères précis au moment de l’attribution).
Le surplus est soumis :

  • soit à la flat tax (PFU) de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux) ;
  • soit, sur option, au barème progressif de l’impôt sur le revenu.

Exemple : un dirigeant reçoit 2 000 actions gratuites valorisées à 50 € lors de l’attribution définitive.
Le gain d’acquisition est donc de 100 000 €.
S’il opte pour le PFU, il supportera 30 000 € d’imposition globale (hors éventuelles contributions spécifiques).

2.2 Le gain de cession : article 200 A du CGI

Lorsque les actions sont revendues, le bénéficiaire réalise un gain de cession correspondant à la différence entre le prix de vente et la valeur déjà taxée au titre du gain d’acquisition.

Ce gain relève du régime des plus-values mobilières, visé à l’article 200 A du CGI. Il est imposé au PFU (30 %) ou, sur option, au barème progressif avec éventuel abattement pour durée de détention.

Exemple : les actions acquises à 50 € sont revendues 120 €. Le gain de cession est de 70 € par action.
Ce gain sera imposé séparément du gain d’acquisition, selon le régime des plus-values mobilières.

2.3 L’abattement de 50 % : ce qui change depuis 2018

Longtemps, la fiscalité des actions gratuites a reposé sur un mécanisme d’abattement pour durée de détention, permettant notamment une réduction d’impôt de 50 % après deux ans de conservation. Toutefois, ce régime a profondément évolué depuis la loi de finances pour 2018.
Aujourd’hui, il convient de distinguer deux situations : le gain d’acquisition et le gain de cession.

Pour les actions gratuites attribuées à compter du 1ᵉʳ janvier 2018, la fraction du gain d’acquisition inférieure ou égale à 300 000 € bénéficie d’un abattement forfaitaire de 50 %, sans condition de durée de détention. Au-delà de ce seuil, le surplus est imposé comme un salaire, sans abattement ni faveur particulière.
Cet abattement s’applique uniquement à l’impôt sur le revenu, et non aux prélèvements sociaux (17,2 %) qui restent dus sur la totalité du gain.

Pour les plans plus anciens (attribués avant 2018), l’ancien dispositif d’abattement pour durée de détention demeure applicable.
Dans ce régime, un abattement de 50 % pouvait être obtenu après deux ans de conservation des titres, puis 65 % au-delà de huit ans.
Ces abattements ne concernent plus les plans récents.

Enfin, pour le gain de cession — c’est-à-dire la plus-value réalisée lors de la vente des actions — l’abattement pour durée de détention prévu à l’article 150-0 D du CGI reste d’actualité, mais uniquement si le bénéficiaire a opté pour l’imposition au barème progressif (et non pour la flat tax de 30 %).
Ainsi, selon la stratégie fiscale choisie, il reste possible de réduire l’imposition finale en planifiant judicieusement la durée de conservation et le mode d’imposition.

En résumé, le fameux « abattement de 50 % après deux ans » n’a pas disparu, mais il a été reconfiguré :
il ne dépend plus de la durée de détention pour les plans récents, et ne concerne désormais que la partie du gain d’acquisition jusqu’à 300 000 €.
Une lecture attentive de la date du plan et de la stratégie de cession est donc indispensable pour optimiser sa fiscalité.

3. Les régimes d’allègement et d’exonération fiscale

3.1 Les plans conformes à la loi Macron

Les AGA attribuées dans le cadre de la loi Macron peuvent bénéficier d’un allègement important.
Sous réserve de respecter les durées légales minimales d’acquisition (1 an) et de conservation (1 an), une fraction du gain d’acquisition peut être exonérée d’impôt sur le revenu, notamment dans les PME indépendantes répondant aux critères communautaires. Le minimum de détention globale de l’action est de 2 ans.

3.2 Le cas particulier des entreprises non cotées

Pour les sociétés non cotées, la valorisation des actions pose des questions spécifiques.
Elle doit être réalisée selon des méthodes reconnues (comparables, DCF Discounted Cash Flow méthode d’analyse utilisée pour évaluer la valeur d’une entreprise, multiples) et validée par les commissaires aux comptes ou le conseil d’administration.
Une sous-évaluation expose à un redressement fiscal.

Les dirigeants peuvent également combiner différents instruments : AGA, BSPCE, stock-options, pour construire une rémunération globale fiscalement efficiente.
Une approche sur mesure est essentielle.

3.3 Les situations particulières : départ, décès, fusion

Le sort fiscal des actions gratuites varie selon les circonstances.
En cas de départ du bénéficiaire avant l’acquisition définitive, les droits sont généralement perdus, sauf exceptions (décès, invalidité, retraite).
En cas de fusion ou d’apport partiel d’actif, il convient d’examiner la continuité du plan pour éviter une taxation prématurée.

4. Stratégies d’optimisation fiscale pour cadres dirigeants

4.1 Anticiper dès l’attribution

La première étape d’une bonne gestion fiscale consiste à évaluer le coût futur du plan. Dès l’attribution, il est possible de simuler différents scénarios (valeur d’acquisition, valorisation cible, taux d’imposition). Cela permet de planifier la cession, voire de diversifier ses instruments de rémunération.

4.2 Maîtriser le moment de la cession

La date de cession influence directement la fiscalité. Une détention plus longue peut permettre d’appliquer un abattement pour durée (si option pour le barème progressif).
Une vente progressive peut aussi lisser la charge fiscale sur plusieurs exercices.

Il faut également prendre garde aux périodes de liquidité et aux éventuelles restrictions prévues dans le plan (notamment dans les sociétés non cotées où la revente dépend souvent d’opérations capitalistiques).

4.3 Structurer la détention via une holding ou un pacte Dutreil

Pour les dirigeants fortement impliqués dans le capital, loger les actions gratuites au sein d’une holding patrimoniale permet d’optimiser la transmission et la gestion des revenus.
Certaines situations peuvent même ouvrir la voie au régime Dutreil-transmission, sous conditions.

L’objectif est d’inscrire les AGA dans une stratégie patrimoniale globale : gestion des liquidités, transmission, fiscalité de l’IFI et protection du conjoint.

5. Les erreurs à éviter

  • Oublier de déclarer le gain d’acquisition : une erreur fréquente, car la valeur attribuée est parfois mal identifiée sur les bulletins fiscaux.
  • Confondre AGA et BSPCE  (bons de souscription de parts de créateur d’entreprise) : les régimes et les conditions d’éligibilité sont différents.
  • Vendre trop tôt sans évaluer l’impact fiscal global.
  • Négliger l’IFI : pour les dirigeants détenant une part significative du capital, les AGA peuvent entrer dans l’assiette de l’impôt sur la fortune immobilière sous certaines conditions.

6. Étude de cas : un dirigeant et son plan d’actions gratuites

Prenons l’exemple d’un dirigeant d’une société technologique de 80 salariés.
Il reçoit en 2022 un plan de 3 000 actions gratuites, valorisées à 40 € lors de l’attribution définitive, puis revendues 24 mois plus tard à 100 € l’unité.

  • Gain d’acquisition : 3 000 × 40 € = 120 000 €, imposable à 30 % (soit 36 000 € d’impôt et prélèvements).
  • Gain de cession : (100 € – 40 €) × 3 000 = 180 000 €, imposable au PFU de 30 % (54 000 €).

Résultat : sur un gain brut de 300 000 €, le net après impôt s’élève à environ 210 000 €.
Une planification patrimoniale aurait permis d’alléger ce montant via la cession échelonnée ou l’intégration dans une structure adaptée.

7. Conclusion : les AGA, un outil puissant à condition d’être bien accompagné

Les actions gratuites sont un levier de performance et d’engagement majeur pour les cadres dirigeants.
Mais leur efficacité dépend étroitement d’une compréhension fine de la fiscalité applicable et des opportunités d’optimisation.
Chaque situation est unique : taille de l’entreprise, statut fiscal du dirigeant, stratégie de sortie ou de transmission.

Chez DLCP, nos experts accompagnent depuis de nombreuses années les dirigeants d’entreprises dans la structuration et la valorisation de leurs plans d’actions gratuites.
Nous combinons expertise juridique, fiscale et patrimoniale pour transformer un avantage financier en stratégie durable.

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