Private Equity Secondaire : Une Stratégie Long Terme, Moins Risquée et Plus Rentable
Le private equity, ou capital-investissement, représente aujourd’hui une classe d’actifs incontournable pour les investisseurs privés en quête de performance et de diversification. Longtemps réservé aux institutionnels, il est désormais accessible à une clientèle patrimoniale via des véhicules structurés. Si l’investissement en fonds primaires reste le mode d’entrée le plus connu, une autre stratégie gagne en notoriété : le marché secondaire du private equity.
Ce segment spécifique de Private Equity secondaire, encore relativement peu connu du grand public, présente des avantages concrets :
- Une meilleure visibilité sur les actifs sous-jacents,
- Une réduction du risque lié au cycle d’investissement,
- Et une accélération des retours sur capital.
Inscrit dans une démarche de constitution de patrimoine sur le long terme, le secondaire permet également de mieux maîtriser les flux de trésorerie grâce à des distributions plus prévisibles.
Dans cet article, nous allons :
- Définir précisément ce qu’est le private equity secondaire,
- Comparer ses avantages avec le marché primaire,
- Illustrer l’intérêt d’un plan d’investissement régulier sur 10 à 15 ans,
- Et intégrer cette approche dans une stratégie globale de gestion de fortune.
Un glossaire clair est également fourni à la fin pour permettre aux lecteurs moins familiers de suivre sereinement les concepts abordés.
Contactez un conseiller DLCP Cabinet Gestion de Patrimoine !
Le Private Equity Secondaire : Définition et Fonctionnement
1.1 Qu’est-ce que le marché secondaire du private equity ?
Le secondaire en private equity désigne l’achat de parts de fonds de private equity déjà existants, généralement auprès d’investisseurs qui souhaitent céder leur participation avant le terme contractuel du fonds (souvent 10 à 12 ans). Ces cessions sont motivées par divers facteurs, souvent indépendants de la qualité des actifs.
Contrairement à un investissement « primaire » où l’investisseur s’engage dans un fonds vierge qui va progressivement déployer son capital, le Private Equity secondaire permet d’acheter :
- Des portefeuilles matures, dans lesquels une large partie du capital est déjà investie,
- Et dont on connaît les sociétés sous-jacentes, leur historique, et parfois les premières sorties.
C’est une approche bien plus analytique que spéculative.
1.2 Pourquoi les investisseurs vendent-ils leurs parts ?
Les raisons de cession sur le marché secondaire ne sont généralement pas liées à une contre-performance du fonds. Voici quelques motifs fréquents :
- Réallocation stratégique : les grandes institutions ajustent leur portefeuille pour respecter de nouveaux objectifs sectoriels ou géographiques.
- Besoin de liquidité : certains investisseurs doivent libérer du cash pour d’autres projets ou obligations.
- Contraintes réglementaires : notamment chez les assureurs, caisses de retraite ou fonds de pension.
- Fusion, rachat, restructuration interne.
Ce point est essentiel : la vente n’est pas synonyme d’échec du fonds. Au contraire, pour l’acheteur en private equity secondaire, cela peut représenter une opportunité unique d’intégrer un portefeuille déjà bien avancé à un prix décoté.
Avantages du Private Equity Secondaire : Moins Risqué, Plus Prévisible
2.1 Une bien meilleure visibilité sur les actifs
Dans un investissement primaire, les investisseurs signent souvent un engagement « à l’aveugle » — sans savoir exactement quelles entreprises seront sélectionnées par le gérant. C’est ce que l’on appelle le blind pool risk.
En secondaire, au contraire :
- Le capital est déjà largement déployé.
- L’investisseur connaît les sociétés sous-jacentes, leur secteur, leur niveau de maturité.
- On dispose de reportings détaillés sur les valorisations, les flux passés, les perspectives de sortie.
Cela permet une analyse approfondie du portefeuille racheté, et de modéliser les retours attendus avec beaucoup plus de précision.
Découvrir notre article, est-ce rentable d’investir en Private Equity ?
2.2 La courbe en J est déjà bien avancée
Le private equity suit un schéma classique de performance connu sous le nom de courbe en J :
- Les premières années génèrent des rendements négatifs (frais, investissements non encore valorisés).
- Puis, au fur et à mesure des sorties, la courbe s’inverse pour devenir fortement positive.
En secondaire :
- L’investisseur entre après la phase descendante,
- Et se positionne juste avant ou au début de la phase de retour sur capital.
Avantage clé : on bénéficie du travail de création de valeur déjà accompli par le gestionnaire initial.
2.3 Des prix d’entrée souvent décotés
Les transactions secondaires se réalisent souvent à une décote sur la valeur nette d’inventaire (VNI) du fonds. Pourquoi ?
- Pour compenser l’illiquidité,
- Pour accélérer la vente au bénéfice du cédant,
- Pour refléter des anticipations prudentes.
Cette décote peut aller de 5 % à 20 %, selon le contexte. Cela permet d’obtenir une rentabilité ajustée au risque supérieure à celle d’un fonds primaire équivalent.
L’Approche Long Terme : Investir de Manière Régulière pendant 10 à 15 ans
3.1 Pourquoi adopter une stratégie d’investissement récurrent ?
Un plan d’investissement progressif (type DCA – Dollar Cost Averaging) présente plusieurs atouts :
- Il permet de lisser les points d’entrée et d’éviter de tomber dans un cycle défavorable,
- Il favorise la diversification par millésime, gérant ainsi le risque de timing,
- Il rend les engagements plus fluides, avec des tickets annualisés maîtrisables.
Ce type de stratégie est particulièrement adapté à un cadre patrimonial structuré (holding, assurance-vie luxembourgeoise, SLP familiale…).
3.2 Simulation : 100 000 € investis chaque année pendant 15 ans
Imaginons un investisseur plaçant 100 000 € par an dans des fonds secondaires bien sélectionnés, avec un rendement net moyen estimé entre 10 et 14 % :
Année | Capital investi cumulé | Distributions cumulées | Valorisation estimée | Valeur totale cumulée |
1 | 100 000 € | 0 € | 95 000 € | 95 000 € |
5 | 500 000 € | 60 000 € | 420 000 € | 480 000 € |
10 | 1 000 000 € | 700 000 € | 940 000 € | 1 640 000 € |
15 | 1 500 000 € | 1 800 000 € | 1 700 000 € | 3 500 000 € |
➡️ En investissant 1,5 M€ sur 15 ans, l’investisseur pourrait recevoir plus de 1,8 M€ en distributions tout en détenant un portefeuille d’une valeur estimée à 1,7 M€.
Décorrélation et Diversification : Une Valeur Ajoutée en Gestion de Fortune
4.1 Décorrélation des marchés cotés
Le private equity, et en particulier le secondaire, n’est pas soumis à la volatilité des marchés actions cotés :
- Les valorisations sont trimestrielles,
- Il n’y a pas d’impact émotionnel ou de vente forcée en cas de krach,
- Les entreprises sont sélectionnées pour leur potentiel à long terme, pas pour plaire à court terme.
Cette stabilité relative permet de lisser les performances du portefeuille global, surtout en cas de turbulences sur les marchés financiers.
4.2 Diversification avancée
Les fonds secondaires apportent une diversification de très haut niveau, souvent inaccessible autrement :
- Des centaines d’entreprises sous-jacentes,
- Réparties sur plusieurs zones géographiques (US, Europe, Asie),
- Sur des millésimes variés,
- Avec des styles de gestion complémentaires (LBO, croissance, retournement…).
Cela permet de réduire considérablement le risque spécifique, tout en maximisant les opportunités.
Les Risques à Maîtriser
5.1 Illiquidité
Comme tout investissement en private equity, les fonds secondaires sont peu liquides :
- La durée de détention moyenne est de 8 à 12 ans,
- Il n’est pas possible de sortir à tout moment.
Il faut donc bien calibrer son engagement pour ne pas déséquilibrer sa trésorerie.
5.2 Risque de marché indirect
Même si décorrélé des marchés cotés :
- Le private equity reste exposé aux cycles économiques globaux,
- Une récession peut ralentir les sorties, réduire les multiples, ou allonger les périodes de détention.
5.3 Complexité juridique et fiscale
L’accès au private equity secondaire se fait souvent via :
- Des structures juridiques spécifiques (FCPR, SLP, SCSp…),
- Avec des modalités d’imposition à anticiper.
D’où l’importance d’être accompagné par un conseiller en gestion de patrimoine ou un family office expérimenté.
Intégrer le Secondaire dans une Stratégie Patrimoniale
6.1 Allocation cible
Pour un investisseur patrimonial, on recommande :
- 10 % à 25 % du portefeuille financier en private equity,
- Et au sein de cette poche, 30 % à 50 % en secondaire, pour plus de visibilité et de liquidité relative.
6.2 Véhicules disponibles
Tu peux investir dans des fonds secondaires via :
- ✅ Fonds de fonds secondaires gérés par des maisons réputées (Ardian, LGT Capital Partners, Partners Group avec Private Corner…),
- ✅ Unités de compte Private Equity dans l’assurance-vie luxembourgeoise ou haut de gamme,
- ✅ Club deals ou mandats dédiés, souvent proposés par des banques privées ou cabinets de conseil spécialisés.
6.3 Suivi & transparence
Les bons gestionnaires offrent :
- Des reportings trimestriels,
- Une vision consolidée de la performance,
- Des données ESG intégrées de plus en plus souvent.
Conclusion : Le Private Equity Secondaire, un Pilier d’Avenir pour la Gestion de Fortune
Le private equity secondaire s’affirme comme une solution de plus en plus attractive pour les investisseurs privés exigeants. En offrant :
- Une meilleure visibilité,
- Un rendement potentiellement plus rapide,
- Et une diversification très large,
… il constitue un véritable pilier stratégique dans une gestion de fortune à long terme.
Avec une approche structurée, des partenaires de qualité, et un suivi rigoureux, il est possible de construire une exposition équilibrée et performante au private equity, sur une période de 10 à 15 ans.
Glossaire du Private Equity Secondaire
Terme | Définition |
Private Equity | Investissement dans des sociétés non cotées. |
Secondaire | Achat de parts de fonds déjà investis. |
Primaire | Souscription à un fonds lors de sa création. |
Fonds de fonds | Fonds qui investit dans plusieurs autres fonds. |
Courbe en J | Modèle de rendement : pertes au début, gains ensuite. |
Décote | Prix d’achat inférieur à la valeur nette d’inventaire. |
Millésime | Année de lancement d’un fonds. |
Distribution | Cash reversé à l’investisseur. |
Appel de fonds | Somme appelée par le gestionnaire pour financer un investissement. |
Illiquidité | Difficulté ou impossibilité de revendre un actif rapidement. |
Diversification | Répartition du risque sur plusieurs entreprises / secteurs. |
Décorrélation | Comportement indépendant des marchés financiers traditionnels. |
Reporting | Suivi des performances, cash-flows et informations ESG. |